Sa traversée de l’enfer, Bintu l’a vécue en Libye. Cette jeune maman ivoirienne était prête à mourir en mer plutôt que de revenir en arrière. Secourue vendredi, elle récupère avec ses enfants d’un et trois ans à bord de l’Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée et MSF.
[…] Pour Bintu, c’était la deuxième tentative de fuite par la mer. La première, «pendant (le) ramadan» en mai, a tourné court. Interceptés avec d’autres migrants par les gardes-côtes libyens, elle s’est retrouvée en prison.Mari violent
Bintu a quitté la Côte d’Ivoire en mars pour fuir un mari violent — elle montre des marques de coups de ceinture sur ses bras –, épousé de force quand elle n’avait que 16 ans, et pour aller travailler en Libye.
Les femmes d’Afrique de l’Ouest trouvent facilement un emploi comme domestiques chez les familles riches.
Elle a laissé ses quatre aînés au pays et pris la route avec Usman, «Usu», un an, et son frère Mohamed, trois ans.
Un calvaire d’un mois et demi à travers le Mali, le Niger, puis l’Algérie, à pied, en bus, puis un dernier tronçon vers Tripoli, cachée dans un camion. «On a passé la frontière à quatre pattes, parfois même en rampant au sol», mime-t-elle.
Mais le pire n’a pas été la longue marche dans le désert nigérien où, bébé sur le dos, elle s’est entaillée la jambe en tombant sur des pierres sèches. Ni la traversée de trois jours, entassés à 85 hommes, femmes et enfants ouest-africains dans une minuscule embarcation instable.
L’enfer, ça a été le séjour libyen. […]