« Je venais à peine de descendre du train que déjà sur les quais de la gare Saint-Charles ça sentait le shit et la beuh de partout. » Réaction typique lorsque des amis viennent te rendre visite pour la première fois à Marseille. La première bouffée d’oxygène dans les narines de non initiés peut surprendre lorsque l’on met les pieds dans la seconde ville de France. Bédo en attendant le métro, bédo sur les plages du Prado, bédo au bistrot, et, bien sûr, bédo au Vélodrome.
Une réalité que souligne le rapport du dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND) réalisé par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) : « Il est quotidien de sentir l’odeur de cannabis dans la rue, au café, dans le bus, au stade vélodrome, à la plage… et de croiser une très grande diversité de consommateurs, un peu tout le temps, y compris aux alentours des points de vente : des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres, des solitaires, des groupes d’amis, des familles au complet… ce qui ne manque pas d’étonner les touristes ou les visiteurs de passage, même connaisseurs. »
(…) L’histoire de Marseille et de son port n’y est pas étrangère. Devenu récemment premier port de France, celui de Marseille commerce énormément avec ceux du Maghreb, l’un des principaux fournisseurs de haschich. L’émergence des quartiers Nord, composés essentiellement d’ouvriers, y a aussi joué un rôle. Depuis que les industries sont parties, le taux de chômage y est très important. On se débrouille alors comme on peut pour survivre, grâce au trafic de drogue notamment.
« Certaines personnes, des jeunes, comme des adultes, ferment les yeux sur le trafic pour leur propre tranquillité mais aussi pour acheter de la nourriture, payer les loyers. Chacun se débrouille comme il peut », confie un policier originaire des quartiers Nord. Selon un décompte non officiel de la police, il existerait plus d’une centaine de réseaux de revente de drogue à Marseille. Dont les plus gros, comme celui de la Castellane rapporteraient pas moins de 50.000 euros quotidiennement.