Artiste engagé et pugnace, le Camerounais Barthélémy Toguo, dont les œuvres figurent dans «Prête-moi ton rêve», appelle les Africains à reprendre leur destin en main. (…)
Une de ses premières œuvres, Transit(s) (1996), dénonce les discriminations subies par les personnes de couleur lors des passages des frontières, dans les aéroports et les gares. Il fabrique, pour l’occasion, de lourds tampons surdimensionnés sur lesquels il imprime des messages dénonçant les paradoxes d’une société qui favorise la circulation des marchandises tout en entravant celle des personnes. (…)
En 2013, il entame une série d’œuvres sur la mémoire orale de l’esclavage figurant, sous la forme de portraits, des descendants d’anciens esclaves, de façon à lire sur ces visages les stigmates de leur lointain et douloureux passé. (…)
Hérissé et révolté par le vol et le pillage des objets d’arts premiers africains par les colonisateurs, explorateurs et missionnaires européens, il déplore, aujourd’hui, l’accaparement de l’art africain contemporain par les collectionneurs privés et musées européens et nord-américains. « Une des raisons de cette désertion réside dans la carence de la politique culturelle des pays d’Afrique », explique Toguo. « Réveillez-vous. Prenez votre destin en main et bougez-vous !, enjoint-il aux élites du continent et de la diaspora. Les Africains doivent se ressaisir et cesser d’être les collaborateurs d’un système mis en place au début des années 1960. » (…)