À Lormont, les islamistes veulent leur école coranique
L’association turque Millî Görüs ambitionne de construire une école musulmane près de Bordeaux. Le projet questionne l’influence grandissante de l’islam politique turc, corollaire d’un communautarisme rampant.
Coincé entre l’usine de la fameuse maison Ricard, un mareyeur non moins réputé et un club de danse, le terrain est vague et son devenir assez flou. Nous sommes dans la zone d’activités La Gardette, poumon économique de la commune de Lormont, dans le nord de l’agglomération bordelaise. C’est sur ce lopin de terre industrielle de plus de 3 000 mètres carrés que la turque CIMG (Confédération islamique Millî Görüs) – traduit improprement par “Vision nationale” – a jeté son dévolu pour porter ses ambitions : y construire une école coranique.
À l’image de l’organisation qui le chapeaute, le projet se fait ici discret et se ferme au moindre regard extérieur. Seuls quelques flyers en libre distribution dans les kebabs du coin et sur les réseaux sociaux relatent ce qui se trame, en surface. On y voit une illustration du futur bâtiment, un complexe moderne de 1 350 mètres carrés sur trois niveaux, accompagnée d’un appel aux dons à hauteur de 400 000 euros – pour 1 000 donateurs : « 1 000 x 400 € » – et, commodément, d’un Rib. Pour fédérer, l’association en appelle à la piété de ses sympathisants : « La meilleure des successions n’est pas de laisser un patrimoine, c’est d’avoir une future génération pieuse. » Aujourd’hui, impossible de savoir si la campagne de levée de fonds, qui devait se clôturer le 30 mai dernier, a été un succès.
Dans la région de Bordeaux, les rouages bien huilés de la communauté turque
Contactés, les responsables de Millî Görüs national sont restés injoignables, ceux de Bordeaux évasifs, ne souhaitant pas répondre à nos questions. Un membre, aussitôt averti des sollicitations d’un journaliste, confie : « On ne souhaite pas communiquer sur notre projet. Malheureusement dans le contexte actuel, l’islam, la religion… la moindre chose est mal interprétée. […] Vous ne ressortez que ce qui vous arrange. » Un autre tente de mettre fin à la conversation : « Finalement, on n’achète pas. »Ce qui reste encore à démontrer, nous le verrons.
Difficiles à établir, les profils des meneurs de l’entreprise sont variés : Emre Durmuş, jeune président de la CIMG bordelaise — suivie par plus de 1 800 personnes sur Facebook —, partage volontiers les préceptes de Necmettin Erbakan, ancien Premier ministre turc, islamiste notoire et fondateur de la confédération, outil de promotion d’un islam politique rigoriste bien avant Erdogan. Oguzhan…
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