Via son think tank, la SNCF a commandé à Yves Cochet, désormais fervent effondriste, un rapport à 50 000 euros. Une « expérience de pensée » qui laisse songeur.
« Louise est inquiète car elle doit livrer des poireaux au marché de la gare de Lyon et parce qu’une partie de ses légumes a gelé. Il se peut qu’en raison de la météo l’intermittence électrique s’applique et rende impossible aujourd’hui la circulation des trains biorégionaux vers Paris. La gare de Saint-Yon ayant été réhabilitée en 2032, elle peut désormais se rendre un jour sur deux à Paris dans la galerie maraîchère de la gare de Lyon. Elle peut aussi se rendre à Arpajon depuis Saint-Yon. Comme c’est une bonne marcheuse, elle fait parfois cinq kilomètres à pied sur la voie de l’ancien GR de loisirs devenu un axe de marche très fréquenté pour rallier Paris. Mais dans quel monde vit Louise ? »
Question excellente, en effet. Louise, pour le dire vite, vit dans l’Île-de-France imaginée pour 2050 par l’institut Momentum d’Yves Cochet, ancien ministre de l’Environnement et collapsologue radical. Le rapport « Biorégions 2050, l’Île-de-France après l’effondrement » a été commandé à Momentum par le Forum Vies mobiles de la SNCF, un think tank que l’entreprise publique a créé en 2011, qu’elle finance à 100 % (à hauteur de 2 millions d’euros par an) et dont Yves Cochet a rejoint le comité d’orientation il y a quelques années. L’objet de ce think tank : réfléchir à la question des mobilités, à l’heure du dérèglement climatique.
Que viennent y faire Momentum et cet essai de science-fiction payé 50 000 euros ?