Des policiers examinent la voiture blindée de Guy Orsoni, à Ajaccio, en septembre 2018. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Le 21 mai, Nicolas Kedroff, 27 ans, était assassiné à Porticcio. Huit mois plus tôt, en septembre 2018, Guy Orsoni, 35 ans, échappait à une tentative d’assassinat à Ajaccio. Outre de graves démêlés avec la justice, les deux hommes partageaient un point commun : ils circulaient à bord d’une voiture blindée.
Ce moyen de locomotion, désormais très prisé en Corse, répond autant à une nécessité vitale pour les voyous locaux qu’à la volonté, de la part de certains chefs d’entreprise, de se prémunir de toute agression alors que la région, en apparence apaisée, semble s’enfoncer dans un phénomène de « mafiosisation » sans précédent.
La Corse compte ainsi, selon des estimations des services de l’Etat, entre 80 et 100 propriétaires de véhicules dotés d’une « protection balistique », soit, rapporté à la population insulaire, le chiffre éloquent d’une voiture blindée pour 3 000 habitants, une proportion quatre fois supérieure à celle du Brésil, pourtant leader mondial d’un marché en pleine expansion.
Le profil des propriétaires ? Des abonnés aux affaires judiciaires, comme ce quadragénaire condamné pour un important trafic de stupéfiants, mais aussi des chefs d’entreprise, à l’image de ce restaurateur ajaccien qui circule au volant d’une Audi A6 à l’épreuve des balles de gros calibre. La très grande majorité d’entre eux est concentrée dans la région d’Ajaccio, épicentre d’une vague criminelle qui déferle sur la Corse depuis plusieurs années.