C’est qu’il n’avait pas vraiment d’amis proches. Personne ne savait où il habitait. Et que dire de la direction de l’école, qui n’en avait cure. Elle s’intéressait tout au plus aux cas où quelqu’un, notamment un élève chrétien, réclamait le statut d’élève dispensé de présence à l’école. Il pouvait alors rester à la maison et ne venir qu’aux dates des examens.
Personne n’avait remarqué que cet élève chrétien, acculé par une politique d’exclusion, vivait une crise existentielle. Il ne pouvait que se sentir rejeté par nos comportements, qu’ils fussent délibérés ou inconscients. Il était assis au dernier rang, seul. Il se retirait sur la pointe des pieds, mi-honteux, mi-défaitiste, lors des cours de religion, sans que l’enseignant l’honore d’un seul regard, jusqu’à disparaître derrière la porte pour se retrouver, là encore, seul dans un sombre couloir. […]