En prenant pour objet trente-cinq élèves de grande section de maternelle, l’enquête menée par les seize chercheurs qu’a réunis le sociologue ambitionne d’établir aussi sensiblement que possible les distances « abyssales » qui séparent aujourd’hui le haut et le bas de la société.
[…] Au-delà des inégalités de ressources économiques ou culturelles, c’est tout un rapport au monde produit dès l’enfance, dans la famille et à l’école, qui est soumis à examen. Un rapport au monde qui sera « augmenté » pour les uns, tant leur enfance les aura prédisposés à se saisir des occasions, et « diminué » pour les autres, qui auront principalement fait l’expérience du manque et de leur désajustement initial à la grande compétition sociale.« Enfances de classe », la vaste enquête dirigée par le sociologue Bernard Lahire, montre la façon dont l’enfant construit son rapport au monde, très différent selon la classe sociale dans laquelle il grandit. […] « Nous avons rencontré, précise-t-il, des enfants vivant dans la rue et des enfants de riches entrepreneurs, des enfants qui ne maîtrisent pas bien le français et d’autres qui tentent déjà le passé simple et jouent avec les mots… » […]