La période coloniale néerlandaise anime depuis quelques années un débat acharné au sein de la société hollandaise : de nombreuses rues ont ainsi été récemment débaptisées et les jours de certaines statues célébrant les héros militaires du passé sont désormais comptés.
Le musée d’Amsterdam, l’un des plus prestigieux du pays, a alimenté de nouveaux débats sur le passé colonial du pays en décidant de ne plus utiliser le terme âge d’or (gouden eeuw) pour décrire le 17ème siècle alors que la Hollande était à son apogée en tant que puissance militaire et commerciale et à la pointe des découvertes scientifiques et de l’Art.
Afin de représenter au mieux la diversité des Pays-Bas actuels et être le plus inclusif possible, le terme âge d’or est désormais interdit dans ses murs : il ne rend en effet pas assez justice à ceux qui ont été exploités à cette époque. Le terme employé sera désormais dans le musée sera : « peintures du 17ème siècle ».
En réponse à la décision du musée d’Amsterdam, Zohair el Yassini, député du parti VVD (centre-droit) au pouvoir, a déclaré que l’institution avait totalement « Perdu le Nord » : « Alors qu’il n’était d’abord question que de changer quelques noms de rues, ce sont désormais les statues de personnages historiques qui vont disparaître, et pourquoi pas bientôt tout l’Âge d’Or ? C’est un peu lâche de vouloir réécrire l’histoire ! »
Michel Rog, un porte-parole de la démocratie démocrate chrétienne, déclare : « Cet abandon ridicule du terme Âge d’Or est encore une décision très politiquement correcte de l’élite d’Amsterdam. Effacer le passé est un non-sens. Qu’ils se contentent simplement de dire que l’âge d’or avait certains côtés négatifs. Il n’y a rien de mal à cela. Le fait d’avoir un peu de fierté nationale n’a rien de mal non plus ! ».
Le Rijksmuseum, autre musée prestigieux des Pays-Bas, a déclaré qu’il continuerait pour l’instant à utiliser ce terme. Le directeur de l’institution, Taco Dibbits, a déclaré à la chaîne de télévision NOS: «Le nom fait référence à une période de l’histoire d’une grande prospérité. Cela ne change rien au fait que nous reconnaissons le côté sombre de la situation. Par exemple, nous inaugurons une exposition sur l’esclavage l’année prochaine. ”