L’acte terroriste de Villeurbanne nous donne l’occasion d’une analyse à ciel ouvert d’un syndrôme étonnant, et inexplicable rationnellement, qui obère la psychologie collective et le système de communication symbolique propre à la politique française.
Il était très «instructif» (et ô combien accablant) de suivre pendant deux ou trois jours les chaînes réputées «informatives» et d’observer comment se déploie un exercice d’égarement collectif sous la houlette des journalistes et de leaders d’opinion. Pendant des heures et des heures, ces aréopages ont trituré dans tous les sens l’événement en se demandant pourquoi le meurtrier avait commis ce crime répugnant… Ils n’ont pas encore trouvé. Et malheur à celui qui évoquait la religion du meurtrier. Il se voyait vertement repris par l’assemblée des égarés, offusqués par le scandale que cela représentait.
Même les représentants du RN mirent en avant la condition de migrant, et pas d’islamiste, de l’assassin. Mais il était clair, pour les béotiens que sont les téléspectateurs, que c’était ce que les débatteurs avaient sur le bout de la langue et qu’ils s’interdisaient de dire. La longueur vaine de tous ces débats n’avait d’ailleurs pour finalité que de faire durer ce plaisir malsain, quasi érotique, de prononcer ce mot tout en se l’interdisant.
Et pourtant l’origine afghane de l’assassin induisait nécessairement le souvenir des Talibans et plus généralement l’islamisme. Effectivement, des échos de l’enquête ont filtré: il aurait entendu des voix d’Allah qui lui dictaient la vengeance, une des victimes attaquées se serait sauvée en proclamant «Allah Akbar». […]