Correspondances avec des femmes, provocations… Des éléments inédits illustrent le fanatisme de l’unique survivant des djihadistes du 13 Novembre.
le 28 juin 2018, Abdeslam exige d’effectuer une « déclaration spontanée ». Ces quelques lignes retranscrites sèchement sur procès-verbal démontrent sa radicalité et son soutien au djihad armé. Après avoir rappelé son allégeance à Dieu – « il n’y a point de divinité digne d’adoration à part Allah » – l’islamiste se lance dans une diatribe contre « ce gouvernement » qui, selon lui « assassine injustement et froidement des femmes et des enfants, que ce soit au Moyen-Orient ou en Afrique ». Et de s’adresser sur un ton provocateur à « Emmanuel Macron », en présentant les attentats comme une riposte à l’intervention militaire en Syrie contre Daech : « L’insécurité régnera sur votre territoire tant que vous ne renoncez pas à votre hostilité et à vos attaques à l’égard des musulmans. »
Il reçoit des lettres d’au moins quatre femmes, dont l’une domiciliée à Düsseldorf, en Allemagne.
Une autre, prénommée Maëva et domiciliée dans le Tarn-et-Garonne, apparaît comme sa correspondante la plus régulière. Présentée comme « proche de la mouvance islamiste radicale », cette jeune correspondante de 20 ans a de longs échanges d’ordre théologique avec le prisonnier depuis près de deux ans. « Ces courriers témoignent du charisme gagné par Salah Abdeslam auprès d’une communauté islamiste radicale féminine, notent les policiers de la DGSI dans un rapport. Ces femmes le placent tantôt comme une victime du système judiciaire, tantôt comme un homme pieux dépassé par les événements ».
En plus d’être lu, Salah Abdeslam est aussi écouté en prison. Les conversations captées par la sous-direction antiterroriste (SDAT) révèlent un homme prosélyte, obsédé par la prière. « Si tu vas te détourner d’Allah, si tu vas te divertir en faisant autre chose qu’adorer ton seigneur, ton iman [foi], il va descendre », insiste-t-il au téléphone auprès de sa petite sœur.
Le détenu se montre souvent sujet aux sautes d’humeur et est coutumier d’agressions verbales envers le personnel pénitentiaire.Le 18 décembre 2018, il profère des injures racistes contre un surveillant, noir de peau, qui l’intimait de relever son jogging : « Je ne parle pas aux singes », s’emporte alors Abdeslam.