Pour Gérard Noiriel, spécialiste de l’immigration en France, le polémiste utilise la même grammaire identitaire que l’écrivain antisémite Edouard Drumont. Il pointe la responsabilité des chaînes de télévision qui lui accordent une tribune.
Comme à son habitude, le polémiste a prononcé un discours de haine reprenant les grandes lignes de l’histoire identitaire qu’il ressasse dans ses livres. Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, le message est politique : «Nous devons être conservateurs de notre identité» et plus loin «la question identitaire du peuple français précède toutes les autres». Alors que le mouvement des gilets jaunes avait replacé les inégalités économiques et sociales au premier plan, ce rassemblement avait pour but de séduire un électorat socialement hétéroclite qui fait encore défaut à l’extrême droite. Voilà pourquoi Zemmour affirme dans son discours que «cette question de l’identité est aussi la plus rassembleuse car elle réunit les classes populaires et les classes moyennes et même une partie de la bourgeoisie». […]
Ainsi les attentats islamistes annonceraient une «guerre de civilisation» risquant de transformer le pays en une «République islamique française». Toute la vision du passé et du présent est organisée à partir de ce clivage central par emboîtement de couples antagonistes : étrangers-français, musulmans-chrétiens, progressistes-conservateurs, universalistes-nationalistes. […]