C’est un constat amer, chiffres à l’appui, qui pousse les catholiques à réinventer les chemins de la mission. Pour un renouveau aux antipodes d’une reconquête identitaire, selon Famille chrétienne.
Pour l’historien Guillaume Cuchet, « on ne sort pas en vingt-quatre heures de deux mille ans de christianisme ! C’est un processus qui s’étale dans le temps ».
[…] Certains chiffres permettent de prendre la mesure de la rupture avec les générations précédentes, explique l’historien Guillaume Cuchet. En 1965, le chanoine Fernand Boulard soutenait que 25 % des adultes allaient à la messe tous les dimanches. Aujourd’hui, le taux de pratique dominicale est divisé par douze, il est tombé sous la barre des 5 %. » Tout un monde semble avoir disparu. «La France des années 1950 se reconnaît encore massivement dans le catholicisme, qu’on soit communiste ou MRP (Mouvement républicain populaire d’inspiration gaulliste) », raconte Philippe Portier. […]« En France, c’est le groupe majoritaire. Il y a 64 % de “sans-religion” dans les jeunes générations (16-29 ans). Il ne faut pas que la présence de l’islam nous fasse oublier cela. »
Le décrochage de l’Église dans la société s’est fait par étapes successives comme la lente descente d’un bathyscaphe, le sous-marin des abysses. Guillaume Cuchet précise : «On commence par cesser de pratiquer, puis on cesse de recevoir les sacrements qui symbolisent les rites de passage de l’existence. Et enfin, on cesse tout simplement de croire. » Il y a une sorte d’effet domino entre les générations : les non-pratiquants engendrent des non-croyants.
Ce n’est pas uniquement la pratique religieuse qui est en jeu, mais toute une civilisation structurée par le catholicisme, explique Philippe Portier. « Il y a eu un processus de mise en minorité de l’Église à plusieurs niveaux. D’abord, une diminution des pratiques, puis un flou doctrinal, et enfin, une révolution des normes de la société. » […]
L’heure est à la « diversité ». Et force est de constater que cette diversité dessine un nouveau paysage en France. La France est devenue une sorte de puzzle où le catholicisme est une pièce parmi d’autres. En d’autres termes, l’église n’est plus au milieu du village. Philippe Portier souligne que « la société française est très pluralisée ». Il y a les musulmans, les juifs, les protestants et surtout des nouvelles formes de religiosité plus ou moins exotiques. Sans oublier la place prépondérante des « sans-religion »[…]