Le prix Nobel d’économie a été attribué lundi à la Franco-Américaine Esther Duflo et aux Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde. Les travaux conduits par les lauréats “ont introduit une nouvelle approche (expérimentale) pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde”, a annoncé à Stockholm le secrétaire général de l’Académie royale des sciences, Göran Hansson.
Au milieu des années 90, Michael Kremer, 54 ans, professeur à l’Université d’Harvard, a “démontré à quel point cette approche peut être puissante en utilisant des expériences de terrain pour tester diverses interventions susceptibles d’améliorer les résultats scolaires dans l’ouest du Kenya”, explique l’Académie.
Mariés à la ville, Abhijit Banerjee et Esther Duflo ont ensuite réalisé des études similaires sur d’autres questions et dans d’autres pays. Leurs méthodes de recherche expérimentale dominent désormais l’économie du développement.
“Malgré de récentes et importantes améliorations, l’un des défis les plus urgents de l’Humanité est la réduction de la pauvreté dans le monde, sous toutes ses formes“, rappelle l’académie. Quelque 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.
Esther Duflo, professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), où exerce également son époux, est l’une des économistes les plus célébrées dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Récipiendaire en 2010 de la médaille John Bates Clark, elle est seulement la seconde femme à recevoir le prix Nobel d’économie.
“Je suis très honorée. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible de gagner le Nobel aussi jeune”, a réagi l’économiste qui devient à 46 ans la plus jeune des lauréats du prix d’économie.
“Le prix Nobel d’économie a ceci de particulier par rapport aux autres prix, c’est qu’il reflète un changement dans le domaine économique, et que cela prend généralement du temps” avant que la théorie ne soit mise en pratique, a-t-elle ajouté, interrogée en anglais par l’académie.
Ses travaux lui avaient valu en 2013 d’être choisie par la Maison Blanche pour conseiller le président Barack Obama sur les questions de développement, en siégeant au sein du nouveau Comité pour le développement mondial.