« Quitter Aubervilliers a été un arrachement » explique d’une voix calme l’auteur engagé. Mais à 70 ans, Didier Daeninckx a besoin de retrouver une certaine liberté d’esprit pour poursuivre son travail d’écrivain.
(…) Aubervilliers n’est plus la ville populaire qui l’a vu grandir. Le signal fort qui l’a conduit à partir, s’est déroulé en 2014, au moment des élections municipales.
« Les politiques locales fonctionnant au clientélisme ont transformé les cités en ghettos, en lieux communautarisés, poursuit-il. Aubervilliers, comme à Saint-Denis, a dépassé le seul des 50 % d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté. C’est une marée de misère. Il n’y a plus que du commerce de survie ».
Daeninckx évoque les « points de deals en grand nombre, le parc immobilier privé métamorphosé en marchand de sommeil ». Il y a fait le constat d’une école publique « en grande souffrance ». L’écrivain assure que « marcher dans cette ville abandonnée est un désastre qui vous empêche de réfléchir ».
Ses pas l’amènent alors à Fontenay-sous-Bois. L’homme retrouve un peu de quiétude. « Je vais pouvoir commencer à écrire sans être oppressé. La liberté, la démocratie quand ça vous manque ou qu’on vous les confisque, ça vous bouffe la vie. »