La publication d’un article sur le site de l’association “Tous créoles” signé d’Emmanuel de Reynal défraie la chronique et agite les réseaux sociaux. Le publicitaire y dénonce une “campagne anti-béké” et un “déferlement de haine”.
Pour rappel cette mobilisation était organisée par plusieurs jeunes martiniquais avec le soutien des associations MUN, Nasyon Matnik et le PKLS. Cependant, la diffusion de messages véhéments et la présence du drapeau rouge vert noir ont peut-être créé une confusion aux yeux de certains.
Il semblerait que la communauté béké se soit sentie attaquée d’où la réponse d’Emmanuel de Reynal. Cependant, cet article a engendré de vives réactions notamment sur Twitter. Les internautes lui reprochant d’aller trop loin au vu du racisme envers les Noirs qui a toujours cours dans le monde, ou encore que les békés ne forment pas une race mais plutôt une catégorie socio-professionnelle.
André Lucrèce est un écrivain et sociologue martiniquais. Il a réagi à cet article au téléphone de Peggy Saint-Ville.
Le texte polémique d’Emmanuel de Reynal
Tous Créoles condamne les dérives racistes anti-békés !
L’association « Tous Créoles ! » dont le fondement est de « faire de nos différences une oeuvre collective » s’insurge avec force contre la violente campagne de dénigrement qui se déroule en ce moment à l’encontre d’une des composantes de la population martiniquaise.
C’est en effet à une odieuse campagne anti-békés que nous assistons aujourd’hui en Martinique. Une campagne que nous dénonçons avec la plus grande fermeté.
Le prétexte de ce déferlement de haine est le scandale de la chlordecone, dont l’enquête parlementaire conduite par Serge LETCHIMY, met progressivement à jour les responsabilités.
Responsabilité de l’Etat, seul garant de ce qui est autorisé ou pas, et responsabilité probable de certains individus, mais en aucun cas responsabilité d’une catégorie socio-ethnique dont 99% de ses membres n’ont rien à voir ni avec le monde agricole, ni avec le monde des pesticides, encore moins avec la chlordecone dont ils sont aussi les victimes.
Jeter en pâture toute une catégorie de martiniquais au seul prétexte que quelques membres de cette catégorie seraient liés aux usages des produits incriminés est tout à fait inacceptable.
« J’encule les békés », « je boycotte ceux qui ont fouetté nos parents », « les békés sont des empoisonneurs », « yo kriminel », « békés = vermine », « les békés sont des esclavagistes »… voilà un petit florilège d’insultes et de diffamations que nous servent chaque jour les médias et les réseaux sociaux. C’est inadmissible !
Les mêmes propos tenus à l’égard de n’importe quelle autre communauté auraient déclenché immédiatement des réactions massives d’indignation et des poursuites en justice. Nous osons croire que le procureur de la République ne restera pas inactif face à ce déferlement de haine.
Nous appelons les martiniquais soucieux d’unité à la plus grande vigilance face aux dérives qui menacent l’équilibre de notre société. Nous les appelons à dénoncer ces dérives, et à ne participer en aucun cas à leur amplification. Tenir de tels propos de haine est condamnable, les relayer l’est tout autant. Le racisme ne passera pas en Martinique, qu’il soit contre les uns ou les autres.
Le conseil d’administration de Tous Créoles !