Une nouvelle manifestation a rassemblé près d’un million de personnes vendredi au Chili, une semaine après le déclenchement d’une crise sociale qui a fait 19 morts. Dans les cités populaires, les riverains patrouillent contre les pillages.
Dans sa première réaction, le président conservateur Sebastian Piñera a dit avoir “entendu le message” délivré par les manifestants. “La foule, joyeuse et pacifique, défile aujourd’hui, avec des Chiliens qui demandent un Chili plus juste et solidaire, cela ouvre de grands chemins d’avenir et d’espérance”, a déclaré le chef de l’Etat sur Twitter. “Nous avons tous entendu le message”, a-t-il ajouté.
Depuis dimanche, le mouvement des gilets jaunes s’est officiellement exporté à la ville de Santiago du Chili (Chili). Mais au pays du bout monde, revêtir un « chaleco amarillo » exprime une réalité bien différente, qui rime avec peur et affolement. Alors que le Chili est plongé dans la pire explosion sociale depuis des décennies, née de protestations contre l’augmentation des prix du ticket de métro, des centaines de Chiliens craignant pour leur sécurité, défient le couvre-feu nocturne, et prennent position dans la rue, devant leurs maisons ou le supermarché du quartier, munis des fameux gilets jaunes et de bâtons de fortune.
«On veut juste protéger nos biens et nos enfants, rien de plus», justifie Alejandro, 42 ans. Il patrouillait dimanche soir, accompagné de sa femme et de ses deux fils, de 9 et 6 ans, et entouré d’une cinquantaine de voisins. […]
«Entre nous, il n’y a plus de partis politiques, plus de différences, on est tous unis par une même cause : défendre nos maisons, explique entre deux gorgées de café David, 29 ans, habitant de Puente Alto, commune de 650 000 habitants du sud de Santiago. Le port du gilet jaune permet aux carabineros (policiers) de nous identifier, ils savent qu’on est là pour les appuyer. » La majorité de ces milices citoyennes improvisées a entendu parler des Gilets jaunes français – le mouvement a été relayé par les médias nationaux -, mais ici les habitants lui ont donné un autre sens, en écho à un profond sentiment d’abandon sécuritaire et social. […]
Merci à Jean-Pat