Sur la photo, l’homme pose en excellente compagnie, costume sombre et chemise blanche, cravate légèrement de travers. Outre des représentants venus comme lui de Libye, on distingue des officiers de la Guardia Costiera (les garde-côtes italiens) et des fonctionnaires de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, une agence de l’ONU). Ce jour de mai 2017, à Rome, tous sont réunis pour discuter des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale et de la création d’une zone de secours sous responsabilité de Tripoli – officiellement pour améliorer le sort des migrants.
Cette image n’a jamais été vraiment cachée – elle était accessible sur le site des garde-côtes italiens. Et elle pourrait n’être que l’illustration du « mémorandum d’accord » signé cette année-là entre l’Italie et Tripoli, déjà largement commenté et vilipendé par les ONG, et qui visait une réduction des départs depuis les côtes libyennes en échange d’un soutien logistique et financier aux garde-côtes de l’ex-pays de Kadhafi.
Mais un « détail » était passé inaperçu jusqu’à sa révélation par la presse italienne début octobre : l’homme au costume sombre n’est autre qu’Abd al-Rahman al-Milad, surnommé « Bija », l’un des plus grands trafiquants d’êtres humains en Libye, aujourd’hui visé par un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies et empêché de quitter son pays. Depuis quelques jours, les journalistes italiens à l’origine de ce scoop circulent sous protection policière, menacés par Bija lui-même.
(Merci à Kidcreole)