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A la suite de l’annulation d’une conférence de la philosophe Sylviane Agacinski à Bordeaux (dont la reprogrammation a été annoncée le 31 octobre), un collectif d’universitaires, dont Pierre Nora, Marcel Gauchet et Nathalie Heinich, exhorte les chefs d’établissement à préserver la liberté académique.

« Présidents d’université, vous devez refuser que ces lieux soient monopolisés par des adeptes de l’obscurantisme ».

Le 21 octobre, un séminaire sur la radicalisation qui devait se tenir à la Sorbonne a été suspendu. Destiné à des fonctionnaires, des élus, des imams, il était accusé par des syndicats étudiants [et enseignants] d’être une « stigmatisation des musulmans ». Le 24 octobre, l’université de Bordeaux Montaigne annulait une « conférence Montaigne » où la philosophe Sylviane Agacinski devait intervenir sur le thème « L’être humain à l’ère de sa reproductibilité technique» […]. Auparavant, le 25 mars, une représentation des Suppliantes d’Eschyle, dont la mise en scène était signée d’un universitaire réputé, avait été annulée à la suite des menaces de groupes selon lesquels cette mise en scène serait « colonialiste, afrophobe et raciste ». […]

Ces trois épisodes ne sont malheureusement que les plus notoires parmi bien d’autres pressions plus insidieuses, ne se contentant pas d’appeler au boycott mais allant jusqu’à l’intimidation ; au point qu’une liste d’universitaires, « Vigilance Universités », s’est constituée pour lutter contre ces nouvelles censures, provenant à présent non seulement de l’extrême droite mais aussi de l’extrême gauche.

Ce qui nous indigne dans ces atteintes à la liberté académique, ce n’est pas seulement que des combats légitimes, dont nous sommes solidaires (la lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie) soient accaparés par des ennemis des règles démocratiques, des lois républicaines et de l’autonomie du savoir, qui s’autorisent de leurs seules convictions militantes pour tenter de les imposer par la force, dans la droite ligne des menées totalitaires du XXe siècle, dont ils semblent avoir oublié jusqu’à l’histoire. Ce qui nous indigne aussi, c’est que des présidents d’université, chargés de faire respecter la liberté académique et la circulation des savoirs, aient accepté, trahissant ainsi leur mission, de céder aux menaces d’un quarteron de militants. […]

Le Monde

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