L’écrivaine franco-camerounaise, Leonora Miano, née à Douala, reproche aux convaincus du supposé « grand remplacement » de commettre le « grand effacement » de l’histoire. Ces Français « issus de l’immigration » auxquels on reproche de ne pas s’assimiler à la culture du pays sont le résultat de notre passé de conquêtes affirme-t-elle.
Alain Finkielkraut fait de moi l’annonciatrice réjouie du « grand remplacement » et ne rate pas une occasion de me mentionner pour justifier l’effroi de ceux qui évoquent une «colonisation migratoire». […]
Le « grand remplacement », tel que présenté par ceux qui l’évoquent, ne résulterait pas de la relation dans laquelle la France s’est engagée avec diverses régions du monde. Il s’agirait d’un complot ourdi par des ennemis de l’intérieur. Ces Français qui n’en finissent pas d’être « issus de l’immigration » se seraient mis en cheville avec une « élite mondialisée », afin d’élaborer un plan de destruction de la nation. Sur les décombres de celle-ci, leur intention serait d’ériger une version inédite du Nouveau Monde et, sans doute, de repousser les Français dits « de souche » dans des réserves au fond desquelles, privés de tout pouvoir, ils chériraient le souvenir d’une grandeur révolue. Je ne me suis jamais fait la promotrice de ce délire. M. Finkielkraut comme d’autres, outre qu’ils se livrent à une présentation fallacieuse de mes propos, se rendent coupables d’un grand effacement, passant sous silence les causes des effets par eux déplorés. […]