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Les auteurs de l’article ne précisent ni la méthodologie qu’ils ont utilisée pour choisir les réformes qu’ils ont retenues, ni le moyen par lequel ils ont conclu que, dans l’ensemble, la politique d’immigration était devenue plus restrictive au fil du temps.

Pour autant que je puisse en juger, quand ils affirment cela, ils ne font que rapporter leur impression. Ce n’est pas forcément étonnant quand on sait que, comme ils l’admettent eux-mêmes, ils ont été aidés par la Cimade et le GISTI, des organisations de soutien aux immigrés

Pourtant, une équipe de chercheurs en sciences sociales a récemment créé une base de données qui permet de comparer la dureté de la politique d’immigration dans les pays de l’OCDE entre 1980 et 2010. (The IMPIC Project)

Grâce à cette base de données, il est possible de répondre de manière rigoureuse à la question de savoir si, dans l’ensemble, la politique d’immigration s’est plutôt durcie ou adoucie en France pendant cette période, au lieu de procéder au doigt mouillé.

Cette base de données est le résultat d’un travail de fourmi, mené par des dizaines de personnes pendant des années. Vous pouvez lire ce papier pour en savoir plus sur la méthodologie. (lien)

On voit que, après un adoucissement important et soudain en 1984 (lié notamment à la création de la carte de résident), la dureté de la politique d’immigration a plus ou moins stagné, avec des soubresauts dans un sens comme dans l’autre.

On voit aussi que, par rapport au reste de l’OCDE, où dans l’ensemble la politique d’immigration s’est progressivement adoucie pendant cette période (contrairement à ce qu’on entend aussi souvent), la France a une politique d’immigration sensiblement moins dure que la moyenne.

D’autre part, l’idée que les auteurs de l’article tournent en ridicule, selon laquelle les candidats à l’immigration choisissent leur destination *entre autres* à l’issue d’un “benchmarking” de façon à trouver les conditions les plus avantageuses est… absolument vraie.

Bien sûr, si vous regardez les graphiques sur l’évolution de la dureté de la politique d’immigration que j’ai montrés plus haut et que vous comparez ça à l’évolution des flux d’immigration dans les pays concernés, vous verrez que ça ne correspond pas toujours.

De la même façon, c’est un mythe que la France et plus généralement l’Europe n’ont de cesse de durcir leur politique d’immigration. Peut-être que les auteurs de cet article du Monde s’en seraient rendu compte s’ils ne s’étaient pas adressés qu’à des militants pro-immigration…
Si les gouvernements successifs s’étaient vraiment attaqués à l’immigration, elle aurait baissé, mais ils ont *choisi* de ne pas le faire, même si souvent ils on affecté le contraire dans leur discours pour des raisons électoralistes.

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