Marqué par l’Histoire et les années, croix et calvaires se détériorent et tendent à disparaître. Des associations se dressent contre l’indifférence quasi générale. Reportage en Mayenne et dans la Sarthe.
«Voilà la croix qui nous a demandé le plus de moyens techniques et humains pour la remettre en état», indique Hervé de Monicault, colonel en retraite et président de l’Association pour la restauration des croix en Mayenne (Arcem). Majestueusement dressée sur les soubassements d’un donjon, elle domine de ses dix mètres le village de Villaines-la-Juhel. […] Avec près de sept mille croix, la Mayenne n’est pas une exception française. Chefs-d’œuvre d’artistes locaux souvent anonymes, croix et calvaires (édifices où figurent au pied de la croix Jean et Marie et/ou les larrons) couvrent peu à peu tout notre pays dès la fin du Moyen Âge. […]
Que reste-il aujourd’hui de cette dévotion ? Qui donc de nos jours, même parmi les chrétiens les plus fervents, se signe encore en passant devant un de ces monuments ? […] Les croix ne seraient-elles devenues qu’un indice topographique ? Entre indifférence, baisse de la pratique religieuse et laïcité à tout prix, elles n’ont plus beaucoup de place dans le cœur des Français, et dans le budget des communes. […]
«Nous sommes rarement mal accueillis, témoigne Anthony Grouard. Néanmoins, certaines communes refusent catégoriquement de remettre en état leurs croix. Nous avons aussi reçu des pétitions de détracteurs nous accusant de vouloir faire entrer le religieux dans la sphère publique… Les fantasmes perdurent ! Quelle que soit notre croyance, il s’agit quand même de l’histoire de la France ancrée à même le sol.» […]
La restauration de ces croix relève de diverses motivations, notamment celle de la sauvegarde de la culture occidentale. Qu’est-ce qui mieux que ces croix peut témoigner des racines chrétiennes de la France ? «La France construit des mosquées quand de nombreuses églises tombent en ruine. On ne peut rien y faire. Alors, à ma mesure, j’essaie de sauver un brin de notre culture en restaurant ces petits monuments», confie Hervé de Monicault. D’autres en font un acte de résistance pour que vive le monde rural. […]