Pour Pascal Riché, directeur adjoint de la rédaction de l’Obs, la montée historique du parti Vox, dans un pays où elle était quasi inexistante depuis la fin du franquisme, « devrait faire réfléchir de ce côté des Pyrénées ».
[…] L’effondrement de Ciudadanos devrait faire réfléchir certains, de ce côté-ci des Pyrénées. Les républicains, asphyxiés par la dérive droitière d’Emmanuel Macron, ont tenté derrière Laurent Wauquiez de braconner sur les terres frontistes : ils en ont été pour leurs frais aux dernières européennes, mais ils ne semblent pas encore avoir trouvé de stratégie alternative. Aujourd’hui, c’est le président lui-même qui envoie des cartes postales aux électeurs frontistes : la glorification de l’ordre musclé, la relance du débat sur l’immigration, le choix du magazine « Valeurs actuelles » pour y donner une interview de rentrée, le projet de restriction de l’accès aux soins pour les étrangers…
A l’instar de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui avait pataugé pendant des mois dans la mare de « l’identité nationale », Emmanuel Macron se risque à une manœuvre périlleuse. Tout en zigzaguant maladroitement sur les terrains boueux que le RN privilégie, il intronise ce dernier comme son principal adversaire, espérant probablement rééditer un deuxième tour avec Marine Le Pen en 2022. Ce pari n’est pas sans danger s’il termine son mandat affaibli : certains électeurs se lassent de « faire barrage » aux nationalistes. Même dans l’hypothèse où Macron l’emporterait face à l’extrême droite, personne n’imagine qu’on assistera, cette fois, à un raz-de-marée. La vie démocratique en fera les frais. Comme Ciudadanos l’a appris à ses dépens dimanche, on ne joue pas impunément avec le feu.