Il y avait pourtant une belle idée derrière «Ultima Thulé». L’équipe de la mission New Horizons avait choisi ce surnom en référence à la littérature antique et aux vieilles cartes européennes, où ce terme désignait une terre au bout du monde, très lointaine et très froide – peut-être l’Islande, les îles Féroé, la Norvège ou le Groenland. Plus généralement, l’expression pouvait s’appliquer à tout lieu situé derrière les frontières du monde connu dans la géographie médiévale.
Et justement, l’astéroïde en forme de bonhomme de neige est le monde le plus lointain que la science humaine ait exploré dans l’espace. Il orbite au-delà de Neptune, dans une large zone reculée peuplée d’astéroïdes, de comètes et de quelques planètes naines – dont Pluton – qu’on appelle la ceinture de Kuiper […].
En parallèle du travail scientifique, une petite polémique a commencé à enfler sur le surnom de cet astéroïde du bout du monde. Le nom d’Ultima Thulé a déjà été adopté dans le passé «par les précurseurs du parti nazi, et reste utilisé par des groupes contemporains d’extrême droite», notait la journaliste américaine Meghan Bartels dès l’annonce du surnom de l’astéroïde […].
Interpellé sur cette connotation dérangeante, Alan Stern, le planétologue américain responsable de la mission, avait défendu son choix : «Le terme Ultima Thulé, qui est très vieux, vieux de plusieurs siècles, peut-être de plus d’un millénaire, est un nom formidable pour l’exploration. C’est pour ça que nous l’avons choisi. Ce n’est pas parce que des méchants ont apprécié ce terme dans le passé qu’on va les laisser le détourner. »
Mais à l’heure de transformer le surnom de l’astéroïde en nom officiel, il semblerait que l’équipe de New Horizons ait fini par se ranger à une idée plus consensuelle. […]