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L’immigration en provenance de pays musulmans est une source de tensions dans de nombreux pays occidentaux. Plusieurs pays ont adopté des réglementations limitant l’expression religieuse et mettant l’accent sur la neutralité de la sphère publique. Un récent document de travail de l’IZA d’Eric Maurin et Nicolas Navarrete explore l’effet de l’une des plus emblématiques de ces réglementations : l’interdiction du voile islamique dans les écoles françaises.

En septembre 1994, une circulaire du ministère français de l’éducation a demandé aux enseignants et aux directeurs d’école d’interdire le port du voile islamique dans les écoles publiques. En mars 2004, le Parlement a fait un pas de plus en inscrivant l’interdiction dans la loi.

L’article démontre que ces nouvelles réglementations ont contribué à améliorer les résultats scolaires des étudiantes d’origine musulmane et à réduire les inégalités en matière d’éducation entre étudiantes musulmanes et non-musulmanes.

Les taux d’obtention du diplôme d’études secondaires s’améliorent pour les filles musulmanes

En particulier, la comparaison des femmes d’origine musulmane et des femmes sans origine musulmane révèle une augmentation marquée de la proportion de diplômées du secondaire dans le groupe musulman pour les cohortes nées en 1981 et après, à savoir les cohortes qui ont atteint la puberté (et l’âge du port du voile) juste après la circulaire de 1994.

Une comparaison entre hommes d’origines religieuses différentes ne révèle aucune augmentation similaire de la proportion de diplômés du secondaire dans le groupe musulman pour les cohortes nées en 1981 et après, ce qui correspond à l’hypothèse selon laquelle l’augmentation observée pour les femmes est attribuable à une politique ciblant les étudiantes.

La figure ci-dessous illustre ces tendances des taux d’obtention du diplôme d’études secondaires chez les filles (panneau de gauche) et les garçons (panneau de droite) d’origine musulmane ou non.

La laïcité française est souvent accusée d’aller trop loin dans le respect du principe de neutralité de l’État et de la sphère publique (y compris les écoles publiques), au détriment de l’exercice de la liberté religieuse. Les conclusions de l’étude appellent à une vision plus nuancée, suggérant que la mise en œuvre même de politiques plus restrictives dans les écoles publiques a fini par promouvoir le responsabilisation scolaire de certains des groupes les plus défavorisés d’élèves féminines.

Néanmoins, les auteurs soulignent que la loi plus stricte de 2004 n’a pas généré d’améliorations supplémentaires. Ils soulignent également que de telles politiques peuvent ne pas avoir le même effet dans d’autres pays.

IZA Newsroom

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