« D’ici à cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique », déclarait le président de la République Emmanuel Macron à Ouagadougou, le 28 novembre 2017. Nous y sommes ! Le 17 novembre 2019, à Dakar, le premier ministre Edouard Philippe a symboliquement remis au président sénégalais Macky Sall le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall.
Ce sabre est « celui d’un grand conquérant, d’un guide spirituel (…). Sa place est bien ici, au cœur de l’ancien empire toucouleur », a-t-il poursuivi. Vraiment ? Les historiens savent pourtant que Dakar n’a jamais fait partie de l’empire toucouleur qui se trouvait plus à l’est, sur des territoires situés aujourd’hui en partie au Sénégal, mais surtout en Guinée et au Mali.
(…) Depuis 1994, ses descendants réclamaient la restitution de l’objet qui avait été présenté à Dakar à deux reprises en 1998 et en 2008. En décembre 2018, il fut envoyé à Dakar pour l’inauguration du Musée des civilisations noires assorti d’une convention de prêt pour un an.
Mais de quelle arme parle-t-on ? Celle qui est conservée au Musée de l’armée sous le nom de « sabre ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall » est un sabre d’infanterie modèle 1821 forgé par Coulaux et Compagnie à Klingenthal (Alsace). Selon le musée, qui n’indique pas à quel moment ni dans quelles conditions elle est entrée dans ses collections, elle a été prise à Bandiagara en avril 1893, probablement à Ahmadou Tall, le fils d’El Hadj Oumar Tall. Le site Internet du ministère des armées précise depuis le 18 novembre que ce sabre a été rapporté en France par le « général » (il était en fait colonel) Louis Archinard et qu’il est conservé depuis 1909 par le Musée de l’armée.
(Merci à Antique-R)