29/11/2019
[…] “La France, ce n’est pas seulement une vague idée fumant au-dessus de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, c’est une réalité brute, c’est une terre, un peuple, une culture; bref, un monde. Avec sa musique, sa respiration. Tourmentée, diverse, fabuleuse.”“Aujourd’hui, je connais peu de personnes venant des pays de l’Est – et je ne parle même pas des amis suisses – qui voudraient du passeport français. Car un pays qui se méprise à ce point-là, qui s’incline devant tout n’est plus attirant. Qu’est-ce qu’être français ? Sincèrement, moi, je ne sais plus. Si on me donnait le passeport demain, je ne sais pas très bien dans quelle communauté nouvelle j’entrerais.” […] “La réalité, c’est que la France – même si certains le vivent très mal – est devenu un pays multiculturaliste, alors quel intérêt du coup de devenir Français, si, de toute façon, on me fait l’éloge de pouvoir tout le temps la ramener avec mes origines ?”
28/11/2019
[…] Le Suisso-Slovène assure que «sur scène, il règne encore une vraie liberté pour peu que l’on construise un truc cohérent et que les gens soient avertis de ce qu’ils vont voir. Mais, moi qui viens d’un pays communiste, une société où on doit tout le temps faire attention avant de s’exprimer m’inquiète. De ce point de vue, la France me fait parfois penser à l’ex-Yougoslavie. La seule différence est qu’on ne risque pas d’aller au goulag, mais qu’on risque plutôt une mort sociale». Et d’ajouter, «je ne suis pas sûr que Voltaire reconnaîtrait son pays. Gainsbourg reviendrait aujourd’hui, il ne pourrait sans doute plus écrire une chanson».
[…] Les gens passent leur temps à revendiquer leur singularité mais ne supportent pas de ne pas voir cette singularité « likée » par les autres. Quand on a confiance en soi, on se fout de l’approbation des autres. Et, paradoxalement, plus les gens sont obsédés par l’idée d’être aimés, plus ils sont violents. Cerise sur le gâteau, la société, plutôt que de contrebalancer cette tendance en apprenant aux gens à être responsables et autonomes, les encourage à d’abord se poser en victimes et les infantilise. […]« Plus on se définit, moins on se donne la possibilité de se connaître. » Ce n’est pas de moi, c’est de Laotseu. Et beaucoup de gens devraient la méditer avant de ruer dans les brancards à la moindre écorchure faite à leur petit ego. Se définir, c’est se graver dans le marbre, et cela ne marche bien que si on est fait de pierre. Ce n’est pas mon cas. Cela ne m’empêche pas de regarder, assez consterné, ce qui se passe dans le monde. On habite une société qui parle de « bienveillance » du matin au soir et qui est incapable de l’appliquer à ce qui ne lui ressemble pas, alors que c’est précisément son principe. Du matin au soir, on parle de la présomption d’innocence, on la piétine et on s’engouffre en troupeau hystérique derrière la première accusation sans preuve en postillonnant, sur les dépotoirs à verbe que sont réseaux sociaux et médias, des « On ressent comme un malaise », « On se désolidarise », « On s’émeut ». C’est à se demander parfois à quoi sert le système judiciaire dans votre pays.[…]