Des hommes aux regards dérangeants. Des hommes aux paroles déplacés. Des hommes qui squattent l’essentiel des comptoirs une bonne partie de la journée, et les terrasses des cafés. Des hommes, toujours des hommes. Dans certains quartiers d’Aubervilliers, comme autour de la station de métro Quatre-Chemins, être une femme n’est pas toujours facile à vivre.
Dans la commune, le déséquilibre est tel que la municipalité communiste est l’une des rares à avoir fait de la lutte contre la domination masculine dans l’espace public un enjeu local. Après les rencontres citoyennes «Vivre Aubervilliers!» en 2016, elle a inscrit dans ses engagements l’accompagnement et le soutien à «toutes les actions qui visent à rétablir l’égalité entre les femmes et les hommes» dans la commune.
Pour certaines habitantes, cette omniprésence masculine dans certains lieux publics engendre au mieux un mal-être, au pire un sentiment d’insécurité. «Quand je marche jusqu’au métro ou que je vais à la paroisse Sainte-Marthe (NDLR : côté Pantin), je suis mal à l’aise. Et pour rentrer le soir c’est pire», témoigne Ghislaine, qui habite la ville depuis 1970. Elle dit avoir fait l’objet d’agressions «verbales», mais aussi «corporelles.» «Deux fois», souffle-t-elle, évoquant deux vols avec violence.