[…] Ce qui était une émigration des diplômés du supérieur meilleurs avant 2011 à la recherche de meilleurs salaires dans les pays du Golfe ou de conditions de travail et de plans de carrière plus motivants, ou encore de cadre de vie meilleur en Europe, est devenu un véritable exode des compétences et des cerveaux après 2011. Il concerne aussi bien de jeunes médecins et ingénieurs, mais aussi des experts, des spécialistes, des enseignants du supérieur et même des chefs de service moins jeunes, plus gradés, dans les hôpitaux publics et des ingénieurs chevronnés originaires de la hiérarchie de nos ministères techniques. […]
Combien sont-ils partis ? Nous n’avons pas encore de statistiques fiables en la matière. Mais qui parmi nous n’a pas un parent, un ami, un voisin ou encore un collègue ou une relation quelconque avec quelqu’un de compétent, une qualification diplômée en matière médicale, ingénierie, informatique, enseignement supérieur et recherche scientifique… qui ne soit pas parti du jour au lendemain, pour un avenir meilleur ?
Selon l’OCDE qui a ses sources, ses statistiques, mais aussi ses critères dans les différents pays européens, ils seraient 95.000 depuis 2011 à fin 2018. C’est impressionnant, car il s’agit de cerveaux dont le pays a besoin mais qu’on a poussés à partir, sûrement de façon involontaire et indirecte. Un choix obligé, pourrait-on dire. Des corporations professionnelles comme le Conseil de l’ordre des médecins qui avance le chiffre de 800 ou encore l’union nationale des ingénieurs ont présenté des chiffres approximatifs révélateurs du phénomène, mais nettement insuffisants par rapport à la réalité, car une « grande discrétion » règne à propos des déclarations à faire par les intéressés.
Il semble que le chiffre de 3000 jeunes médecins partis exercer en Europe occidentale soit plus vrai depuis 2011. Le chiffre de 7000 ingénieurs est aussi invoqué.
Il faut dire que les chiffres du chômage sont le triple des départs présumés, ce qui signifie que les départs sont appelés à progresser du moment que la situation économique du pays s’engage de plus en plus vers la récession. […]