L’Espagne est redevenue en 2019 la principale porte d’entrée en l’Europe pour les migrants africains qui arrivent de manière irrégulière par bateau, selon l’OIM, devant l’Italie […].
Ils étaient environ 5000 en 2015… contre 60 000 en 2018 à rejoindre l’Europe via ce que l’OIM appelle la route ouest-africaine. Mais derrière ce chiffre se cachent deux réalités différentes. Il y a ceux qui gagnent d’abord le Maroc puis traversent le détroit de Gibraltar vers l’Espagne, de loin les plus nombreux.
Puis il y a ceux qui remontent la côte atlantique du golfe de Guinée jusqu’aux îles Canaries. C’est cet itinéraire que comptait emprunter le bateau qui a fait naufrage mercredi. Pas loin de 900 migrants africains sont ainsi arrivés cette année jusqu’aux îles espagnoles. Un chiffre encore faible mais qui a doublé depuis 2017 pour une route particulièrement hasardeuse : onze naufrages et 160 morts y ont été recensés rien que cette année […].
On reste loin cependant des pics d’affluence observés sur ces routes migratoires dans les années 2000. À l’époque l’Espagne avait considérablement durci les contrôles. C’est alors que les candidats au départ s’étaient tournés vers la Libye. Depuis deux ans, le phénomène s’est de nouveau inversé à mesure que la Libye est apparue comme une zone de plus en plus inhospitalière pour les migrants. La preuve, pour le chercheur Mathieu Tardis, spécialiste des migrations à l’Ifri, que « la politique de fermeture des frontières n’est pas suffisante » dans la mesure où ceux qui veulent partir finissent toujours par le faire, quels que soient les risques pour leur vie.