Bernard Henri Lévy avec un Fulani, dans un village aux abords d’Abuja, le 16 novembre.
Bernard-Henri Lévy repart sur les champs de bataille. […] Des scènes de massacres se déroulent à Godogodo, au centre du Nigeria, où les chrétiens vivent dans la crainte et sous le fil de l’épée des Fulanis, des islamistes classés comme un des principaux périls terroristes du globe. Les mots sont rudes, et presque interloqués par l’ampleur de la barbarie : croix en braises, cendres d’églises, supplice de l’évêque de Jos, pillages, viols, tortures, témoignage de 17 chefs de communautés chrétiennes venus raconter au philosophe un quotidien de souffrances et, au sens propre, de martyre.
Poids des mots, et chocs des photos; les images rapportées du Nigeria sont effarantes : cadavres entassés à l’arrière des pick-ups comme du petit bois ou des fétus, enfants tordus de douleurs, corps face contre terre dans un champ, fosses communes où pêle-mêle gisent des morts… En un mot : un début de Darfour. Une situation de pré-génocide. Rwanda, 1993….
[…] Le Nigeria a été le lieu, pendant la guerre du Biafra en 1967, où s’est inventé le droit humanitaire, d’ailleurs lorsqu’on massacrait, déjà, des chrétiens, les Ibos. Il faut donc non se taire – n’en déplaisent à certains, mais comme le fait Bernard-Henri Lévy, attirer l’attention de tous. Il faut donc se déciller, et regarder, non seulement Boko Haram, mais cette «autre moitié du soleil» dont parle Chimamanda Ngozie Adichie, la célèbre romancière nigériane : l’extermination ethnique des Chrétiens menée par les Fulanis.