Une nouvelle loi fédérale contre les actes racistes sur le lieu de travail et à l’école a été proposée, la semaine passée, par le sénateur Cory Booker. Elle vise notamment à interdire la discrimination en matière capillaire et souhaite protéger tout Noir qui pourrait être discriminé en raison de sa coiffure, si elle est liée à son origine ethnique.
Le CROWN Act (Creating a Respectful and Open Workplace for Natural hair) a été introduit pour la première fois en Californie, ce qui en fait le premier État à adopter une loi qui rend cette forme de discrimination illégale. Cette décision a été suivie par l’État de New York, et le New Jersey est devenu le dernier État à adopter cette loi.
Cory Booker a présenté son projet de loi fédérale avec le soutien d’un groupe appelé la “CROWN Coalition”. Celle-ci comprend notamment la “National Urban League”, qui milite pour les droits civiques, “Color of Change”, qui lutte pour renforcer la voix politique des Afro-américains et… la marque Dove!
Vu d’Europe, une telle intervention peut étonner même si la puissance des lobbys est connue. Ici, Dove semble agir sur le plan marketing pour flatter une communauté et donc des consommatrices. Sur le même principe, le label, propriété du groupe Unilever, s’illustre dans le Body Positive depuis 2004.
Dove a d’ailleurs réalisé une étude auprès de 2.000 femmes de 25 à 64 ans aux États-Unis. On y apprend que 50% des femmes noires interrogées disent avoir déjà été renvoyées chez elles à cause de leurs cheveux ou connaître une femme concernée par ce racisme qui ne dit pas son nom. 80% des sondées envisagent de modifier, de lisser ou de couper leurs cheveux pour correspondre aux attentes du monde du travail.
“Les préjugés implicites et explicites contre les cheveux naturels sont profondément ancrés dans les normes du travail et dans la société en général. C’est une violation de nos droits civiques, et cela se produit tous les jours pour les Noirs à travers tout le pays”, a déclaré le sénateur Booker.
Bien que de nombreux incidents discriminatoires dans les écoles et sur le lieu de travail aient récemment fait surface dans les médias et sur les réseaux sociaux, cette question demeure profondément enracinée. Elle est malheureusement devenue une réalité commune pour de nombreux hommes et femmes noirs.
Tameka Amado, une jeune Afro-Américaine de Boston, témoigne du fait qu’elle a changé de coiffure “un certain nombre de fois“, pour le travail et l’école.
“Quand j’étais dans l’équipe de pom-pom girls, je n’ai jamais eu le droit de porter mes cheveux à leur état naturel. Mon coach s’est toujours assuré que nos cheveux soient bien raides“. Le lisage répété de ses cheveux les ont faits tomber au cours de sa première année universitaire, dit-elle.
“Pendant des siècles, nos cheveux ont été pris pour cible. C’est désagréable de savoir que vous n’avez aucun contrôle sur la façon dont vos cheveux poussent, la seule chose que vous pouvez contrôler est comment vous les portez et comment vous les protégez. Ne pas avoir cette liberté est lune forme de discrimination. Ça n’arrive qu’avec nous.” Des lois comme celles proposées par le sénateur Booker lui redonnent de l’espoir.
“Le contrôle de nos cheveux n’est qu’une forme de l’oppression systématique que nous subissons“, dit-elle. “Il y a toute une industrie qui a prospéré sur le dos de la discrimination capillaire. Les traitements chimiques comme les défrisants, les extensions de cheveux, les perruques, ont tous été créés en raison de ce dégoût pour la texture de nos cheveux.”