Fatigués par la morgue et les affaires de la majorité, certains Français, pourtant modérés, basculent dans le populisme. À l’image de ce personnage fictif.
C’est l’histoire d’un homme qui, toute sa vie, a préféré la modération à la passion, dont il savait combien, à un certain niveau, elle peut être néfaste et obstruer la vue. Il aimait l’équilibre, la nuance, la complexité. Si on lui réclamait un avis, il prenait toujours le temps de réfléchir , car la réflexion, disait-il, c’est comme la goutte de citron que l’on met dans un plat trop pimenté quand on veut l’adoucir. Tout de suite, c’est meilleur. Fort de ses principes, il a voté pour Emmanuel Macron en 2017, après avoir pris sa carte au MoDem. Là était sa cohérence. Ainsi le fléau de la balance était-il parfaitement droit et conforme à l’idée qu’il se faisait de la démocratie. En outre, François Bayrou, ministre de la Justice, avait réussi à imposer une loi sur la moralisation de la vie publique, qui est le premier texte adopté de la mandature. Le premier ! Un symbole qui ravissait notre Français moyen, lequel s’était agacé des scandales à répétition sous les précédents quinquennats. [….]
Emmanuel Macron était élu depuis quelques mois, mais voilà que notre banlieusard ne reconnaissait plus ceux qu’il a élus. François Bayrou a été contraint de démissionner de son poste de ministre de la Justice, lui comme Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez, en raison d’une affaire d’assistants parlementaires. [.]
L’expression de son visage est maintenant modifiée, elle ressemble à celle de ces gens qu’il a croisés sur des ronds-points au moment de la crise des Gilets jaunes, à celle de ce collègue devant la machine à café… […]