[…] Depuis plusieurs mois, les manifestations se font sous tension. Selon un décompte du ministère de l’Intérieur fin novembre, 2.500 manifestants et 1.800 membres des forces de l’ordre ont été blessés depuis le début du mouvement des « Gilets Jaunes ». Présence de casseurs, affrontements avec les forces de l’ordre, utilisation de LBD… […] De nombreux manifestants affirment d’ailleurs avoir renoncé à se mobiliser, de peur d’être victimes de violences policières. Entretien avec Sebastian Roché, directeur de recherches au CNRS, auteur De la police en démocratie (Grasset).
Les pouvoirs publics ont rendu plus compliqué la participation à ces manifestations, avec la multiplication des contrôles préventifs, parfois très en amont de lieux de mobilisation. Cela peut freiner la participation. Le deuxième effet de dissuasion est la quantité d’armes utilisée pour maintenir l’ordre. Il y a eu 20.000 tirs de LBD d’après l’IGPN [en 2018, les policiers ont tiré 19.071 munitions de lanceurs de balle de défense et lancé 5.420 munitions de grenades de désencerclement], une quantité jamais vue à l’échelle de l’Union européenne.
Les blessures se sont aussi multipliées. On parle de blessures irréversibles et de mutilations, la perte d’un œil, des mains arrachées, sur 30 personnes, c’est du jamais vu en seulement quelques mois. Les vidéos de violences relayées sur les réseaux sociaux ont participé à un phénomène d’identification : les gens ont alors craint pour leur propre sécurité. […]