Les « 25 de Breteuil » ont obtenu justice. Ces travailleurs maliens sans-papiers, employés illégalement sur le vaste chantier Breteuil-Ségur (VIIe) porté par le groupe d’assurance Covéa, ont obtenu ce mardi des dommages et intérêts, notamment pour « discrimination raciale et systémique », devant le conseil de prud’hommes de Paris.
C’est la première fois, en France, que ce concept est reconnu dans une décision de justice. A ce titre, les salariés reçevront 34 000 € chacun et près de 3 000 € de salaires en retard. Plus de 1 M€ au total.
[…]
[…] En 2016, ils s’étaient mis en grève, soutenus par la CGT, après deux accidents graves dont une chute d’un échafaudage non sécurisé sur un chantier du VIIe arrondissement de la capitale. Leur entreprise, MT Bat Immeubles (depuis liquidée), avait refusé d’appeler les pompiers alors que leur collègue était sans connaissance au sol.
[…] Le conseil des prud’hommes reconnaît dans son jugement, cité par le Monde, que selon la hiérarchie instituée dans l’entreprise, «les salariés d’origine maghrébine (…) [étaient] les encadrants de proximité qui donn[ai]ent des directives» et que l’assignation de chacun à ses tâches était établie «uniquement en fonction de son origine (…) qui lui attribu[ait] une compétence supposée, l’empêchant ainsi de pouvoir occuper un autre positionnement au sein de ce système organisé de domination raciste». Si bien que, selon les prud’hommes, «tous les travailleurs maliens étaient des manœuvres assignés aux tâches les plus pénibles du chantier dans des conditions extrêmement dangereuses».