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Théologien et directeur des éditions du Cerf, Jean-François Colosimo retrace dans son nouvel essai le destin d’une laïcité qu’il place au cœur de la singularité française, non seulement depuis 1905, mais depuis le Moyen Age. Pour lui, c’est en effet à l’époque de Philippe Le Bel, puis au moment des guerres de religion, que s’élabore la séparation des pouvoirs politiques et religieux. Exhiber cette « continuité millénaire », affirme-t-il, c’est éclairer la spécificité de la nation française, ses guerres intestines comme son désir d’universalité.

Voyez le travail accompli, durant les guerres de religion, au XVIe siècle, par ceux qu’on appelle les « politiques », et notamment Michel de l’Hospital. Ils ­observent une lutte intestine qui menace d’anéantir le pays. Quelle est l’issue ? C’est de surplomber les croyances par une transcendance tierce, celle de l’Etat. En posant sa neutralité, l’Etat interdit l’espace public comme lieu de combat, il crée une sorte de no man’s land privé de toute signification autre que la coexistence, le respect. D’où ce paradoxe : les théories absolutistes n’ont pas moins dégagé d’espace de liberté que les théories libérales. L’Etat absolu relativise les autres formes d’affiliation (race, sang, classe…) et préfigure la citoyenneté démocratique. […]

Le Monde

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