Dans son dernier livre, Bloc contre bloc, le politologue Jérôme Sainte-Marie, fondateur de la société d’études et de conseil PollingVox et enseignant à l’université Paris-Dauphine, analyse le macronisme comme un « bloc élitaire », qui organise une « libération » de l’individu au service de la marchandisation du monde.
[…] Mais c’est qui, le bloc élitaire ?D’abord l’élite réelle, les 1 % les plus riches. Le symbole en est Emmanuel Macron lui-même, qui incarne la haute finance et la haute administration, c’est-à-dire la direction du capitalisme et la direction de l’État. On ne saurait faire plus clair.
Dans ce bloc, on trouve ensuite l’élite aspirationnelle, ceux qui travaillent dans l’univers managérial : les cadres du privé et en grande partie ceux du public. Ils ont souvent une bonne formation supérieure et ils en tirent un prestige, une estime de soi et la reconnaissance du droit de diriger les autres. Ils aimeraient ressembler à l’élite réelle, et ils sont à son service. Ils sont porteurs d’une idéologie au service de l’État et des entreprises. En tant que sondeur, je connais bien cette catégorie. Ils sont pro-Européens et se méfient des partis extrêmes. Avant, ils étaient divisés entre la droite et la gauche, mais maintenant, ils sont unifiés dans le macronisme. Ils exercent aussi le rôle d’intellectuels organiques pour le gouvernement et le président.Troisième composant, plus inattendu : l’élite par procuration. Il s’agit surtout des retraités. Ils sont donc favorables à la stabilité et à un État fort. […]
Dans certains beaux quartiers, il a frôlé les 50 %, ce qui est ahurissant. Les beaux étages de l’immeuble haussmannien votent Macron désormais, alors qu’ils étaient auparavant divisés entre la gauche et la droite. […]
Elles [les catégories populaires] sont certes en phase avec le programme social de LFI, mais n’adhèrent pas à ses positions maximalistes sur l’asile et l’immigration ; 70 % des catégories populaires sont hostiles aux flux migratoires. Ce n’est quasiment jamais la première de leurs préoccupations. Mais l’immigration est un vrai critère de choix, et c’est conflictuel. […]