[…] Brisant les codes, des personnes noires n’hésitent plus à revêtir le célèbre costume du père Noël un peu partout aux États-Unis. Il aura toutefois fallu une controverse pour lancer le bal et médiatiser leur absence. Cette avancée se matérialise aussi au Canada, mais tarde à voir le jour au Québec.
[…] S’il constate que de plus en plus d’Afro-Américains enfilent le célèbre costume pendant les Fêtes, M. Jefferson insiste : « Tout le monde peut faire le père Noël, peu importe sa couleur de peau ». Cette figure, dit-il, doit être représentative de l’ensemble de la population. « C’est important de voir plus de pères Noël noirs. C’est une formidable occasion pour les enfants de voir que les images positives ne concernent pas uniquement les Blancs », renchérit de son côté Vivian Walker, une mère de famille afro-américaine vivant à Cleveland en Ohio. Alors que sévissait la controverse sur M. Jefferson, elle a lancé un groupe Facebook (Black Santa Directory) pour répertorier les événements mettant en vedette des pères Noël racisés, aux États-Unis comme ailleurs.L’idée lui est venue de son expérience personnelle : offrir à ses enfants un Santa « à leur image » a été tout un défi. « J’ai longtemps conduit jusqu’à Détroit, à près de trois heures de route de chez moi, pour aller voir un père Noël noir », raconte-t-elle. Aujourd’hui, Vivian Walker rejoint 1700 personnes sur le réseau social, et peut également compter sur l’aide de Jihan Woods.
Cette mère de jumeaux établie au Texas voulait aussi présenter un père Noël « représentatif » et « inclusif » à ses enfants. Elle a donc lancé l’année dernière une application baptisée Find Black Santa. « Je me suis dit que je n’étais pas la seule dans cette situation », explique-t-elle. À la mi-décembre, l’outil avait été téléchargé plus de 7000 fois. S’il recense surtout les événements où un père Noël racisé est à l’honneur aux États-Unis, quelques activités à l’extérieur du pays — notamment au Canada — y sont répertoriées. […]
« De nouvelles histoires ont enrichi le scénario, mais celui-ci reste le même », observe Karin Ueltschi, auteure de Histoire véridique du père Noël, paru en 2012. En réalité, le père Noël actuel est un mélange de mythes et de légendes remontant jusqu’à l’Antiquité, explique-t-elle.
«Tout le monde peut faire le père Noël, peu importe sa couleur de peau». Cette figure, dit Larry Jefferson, doit être représentative de la population entière. Prenons son habit : le rouge et le blanc viennent du costume porté par les prêtres romains. Les bottes ? Au Moyen Âge, elles permettaient selon les croyances de passer du monde des vivants à celui des morts. D’ailleurs, cet « échange » entre deux mondes est « profondément » ancré dans l’imaginaire du père Noël, renchérit celle qui est aussi professeure de littérature médiévale à l’Université de Reims.
[…] Pour conserver la magie, il faut que les cadeaux tombent du ciel, répond-il. « Le père Noël a donc besoin de passer pour quelqu’un pour qui tout est facile. C’est la dernière personne que vous pouvez imaginer produire des milliards de cadeaux et travailler dans une usine. Après ça, son sexe ou sa couleur de peau, ça n’a aucune importance. » […]