Le chercheur à l’Ecole Normale Supérieure Hugo Micheron a enquêté sur les réseaux djihadistes en France. Il s’étonne au micro d’Europe 1 de l’annonce par Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux, du rapatriement des djihadistes français et explique que la prison est le terreau du radicalisme en France.
“Quand on voit la difficulté de gestion d’un djihadiste en prison en France, déjà la réponse est plutôt négative“, affirme le chercheur, manifestement défavorable à la position de la ministre de la justice. “Les djihadistes exploitent les prisons pour se consolider, se reconfigurer. Ils ont acté leur défaite sur le terrain au Moyen-Orient, donc l’espace de recomposition de la mouvance djihadiste, c’est les prisons“, explique Hugo Micheron, qui détaille ses recherches et ses entretiens dans un ouvrage publié aux éditions Gallimard, “Le djihadisme français”. […]
Le chercheur alerte aussi sur la création de nombreuses écoles privées hors contrat dans lesquelles des enfants sont radicalisés. “Un djihadiste m’explique que le but est d’étendre les rangs en éduquant leurs enfants dans la doctrine djihadiste. C’était aussi le projet de Daesh.” […] “Ils n’ont jamais été aussi nombreux. Les djihadistes sont cent fois plus nombreux en 2015 qu’en 1990. On ne pourra résoudre ce problème que si l’on arrive à comprendre ce qu’ils font. On a du temps. On est seulement à l’an 5 de la prise de conscience, la France a les moyens de répondre à cet enjeu“, espère l’auteur.