Hongrie – Depuis 2015, la région du lac Balaton, au centre du pays, est devenue le repaire de nombreux seniors allemands et autrichiens. Une population attirée par le gain de pouvoir d’achat et la politique anti-immigration de Viktor Orban.
C’est un peu leur QG. Au Mester, restaurant planté sur la rue principale de Marcali, en face de la mairie, on peut manger un plat pour six euros. Tous les midis, les tables sont envahies d’Allemands et d’Autrichiens, dont certains arborent la culotte de peau traditionnelle dans leur région d’origine, mais si exotique dans cette commune du centre de la Hongrie. Autour d’un plat roboratif et d’une bonne bière, on discute des prix si bas, « mais pas pour tout ». De la complexité d’apprendre le hongrois, « cette langue incompréhensible ». Et aussi de politique : « Orban n’est pas parfait, mais il a eu raison pour les migrants. » Depuis quelques années, Marcali, 11 000 habitants, est devenue la capitale des retraités germanophones venus chercher en Hongrie une vie moins chère, et aussi une certaine Europe qu’ils estiment ne plus reconnaître chez eux, en Allemagne ou en Autriche.
Udo Brandt, 59 ans, vient presque tous les midis déjeuner chez Mester. Ce motard chaleureux et rigolard a décidé il y a presque deux ans de tout plaquer avec sa femme et de quitter Eppstein, à près de mille kilomètres de là, pour venir s’installer à Marcali. Lui était chauffeur routier, elle commerçante, et les deux travaillaient beaucoup. « Ma santé ne suivait plus », assure-t-il. Alors le couple décide de vendre sa propriété allemande, fruit d’années de labeur, et d’arrêter de travailler.
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