Le propos paraît sans doute outrancier. Même si l’Unef traverse, depuis plusieurs années, un long chemin de croix, à l’image de son grand frère, le Parti socialiste.
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En 2016, coup de tonnerre dans le monde estudiantin : pour la première fois, l’Unef est devancée par la Fage (Fédération des associations générales étudiantes). Aux dernières élections universitaires, en 2018, rebelote : l’Unef, avec ses 30.000 adhérents revendiqués, ne recueille que 55 sièges contre 85 pour la Fage.
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Bien plus grave : en 2018, Libération publie les témoignages de 16 femmes victimes déclarées de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols de la part de dirigeants de l’organisation étudiante entre 2007 et 2015.
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Mais depuis Bruno Julliard, président de 2005 à 2007, plus personne ne connaît les noms des dirigeant(e)s de l’organisation. Encore un signe d’affaiblissement de l’ex-premier syndicat étudiant de France? Pas forcément, répond Robi Morder. “Son rôle n’a jamais été de former des cadres, nuance celui-ci, mais plutôt de générer des formes d’opposition.” Il reconnaît aux dirigeants récents et actuels le mérite d’avoir fait adhérer puis placé en haut de l’organigramme “des personnes de couches populaires et descendant de l’immigration”.
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Qualifiée de bras armé de la Mnef, qui embauchait à tour de bras ses militants, l’Unef ne se remettra jamais totalement du scandale et de la condamnation de certains de ses anciens dirigeants comme Cambadélis.
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le syndicat, fondé en 1907, attend cent neuf ans pour nommer à sa tête une femme, Lilâ Le Bas. Son accession au pouvoir, suivie de celle en 2019 de Mélanie Luce, en a donc réjoui plus d’un. Étudiante en droit à Assas âgée de 23 ans, celle-ci, dont la mère est guadeloupéenne, se présente comme la première présidente “racisée” du syndicat. “Ça veut dire non blanche. Ça veut aussi dire qu’à l’Unef on reconnaît que la société considère la couleur de peau comme une race sociale.” Là encore, certains ont tiqué, notamment parmi les anciens dirigeants.
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L’organisation prévoit aussi des réunions internes “non mixtes”, interdites aux hommes pour certaines, aux personnes blanches de peau pour d’autres. Afin, assure la direction, de parler librement, entre soi, des violences faites aux femmes ou aux personnes victimes de racisme. Beaucoup ne comprennent pas une telle évolution de la part du syndicat qu’ils assimilent à une glissade vers le communautarisme, voire l’indigénisme. “On a commencé à se positionner en anti-Front national pour ensuite dire que l’islam c’est pas si mal, explique un ancien dirigeant. Et de là, certains ont glissé vers ‘l’islam, c’est mieux’. Sauf que plein d’étudiants n’ont pas compris et se sont éloignés de nous.”
En 2018, des personnalités comme Gérard Collomb, alors ministre de l’Intérieur, ou Marlène Schiappa dénoncent la “promotion d’un islam politique” : présidente de l’Unef à Paris 4 Sorbonne, Maryam Pougetoux apparaît publiquement portant un hidjab.
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Au bureau national, dont fait alors partie Sibeth Ndiaye, on ne parle jamais de religion. Même si l’Unef, contrairement à de nombreux dirigeants politiques de gauche, est plutôt favorable à la loi sur le voile. Julliard : “Quand il y avait un catho assumé, pour nous c’était une sorte de zozo.” Une dirigeante voilée? “Les bras m’en tombent!”, lâche Jean-Marie Le Guen.
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“Aujourd’hui, dans notre société, le discours dominant c’est celui d’Éric Zemmour, analyse-t-il. Mais au lieu de le déconstruire, les dirigeants de l’Unef, en acceptant une dirigeante voilée, donnent du grain à moudre aux gens qui défendent les causes identitaires. Cette femme voilée, c’est une provocation. Si l’Unef ne revient pas à une dimension plus syndicale, à d’abord défendre les droits des étudiants, ils termineront en groupuscule.”
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Reste que les dérapages s’accumulent. Le 15 avril, Notre-Dame s’enflamme. Sur Twitter, Édouard Le Bert, membre du bureau national à Rennes, raille l’émotion internationale : “Ça y est drame national, une charpente de cathédrale brûle.” Hafsa Askar, vice-présidente de l’Unef-Lille : “Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris car je m’en fiche de l’histoire de France je sais pas quoi, allez-y mentionnez-moi.”
Puis : “Jusqu’à [quand] les gens ils vont pleurer pour des bouts de bois. Wallah vous aimez trop l’identité française alors qu’on s’en balek objectivement c’est votre délire de petits Blancs.” La présidente Mélanie Luce met du temps à condamner. Sept mois plus tard, à l’université Lille 2, quand des étudiants (n’appartenant pas à l’Unef) détruisent tous les exemplaires de l’ouvrage que François Hollande est venu dédicacer, le syndicat ne condamne pas cet acte de censure. Pas plus qu’en octobre, quand la philosophe Sylviane Agacinski est empêchée de participer à une conférence à l’université Montaigne de Bordeaux.
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En mars dernier, à la Sorbonne, où Maryam Pougetoux a été élue, des étudiants surgissent dans une salle où doit être jouée la pièce d’Eschyle Les Suppliantes, mise en scène par Philippe Brunet.
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“Idiot, totalitaire, analphabète et obscurantiste, c’est ce qu’est devenue l’Unef, dans la plus prestigieuse université française, s’emporte** Pierre Jourde, écrivain, professeur d’université, critique littéraire et ancien responsable du syndicat à Paris 12. L’égalité et le respect des Noirs sont défendus (hors de propos) par quelqu’un qui porte le signe de l’infériorité des femmes […]. L’Unef est finalement un syndicat de talibans.”
Robi Morder parle de “folie totale qui a fait beaucoup de mal”. Frédéric Hocquard ajoute : “Vous pouvez évidemment critiquer le black face, mais vous ne pouvez pas interdire un spectacle.”
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http://www.fdesouche.com/1294411-melanie-luce-presidente-de-lunef-je-nirais-pas-sur-cnews-car-zemmour-a-appele-au-meurtre-des-musulman%e2%80%a2e%e2%80%a2s-et-meme-des-juif%e2%80%a2ve%e2%80%a2s
http://www.fdesouche.com/927875-licra-denonce-tweets-racistes-anti-blancs-de-vice-presidente-de-lantenne-lilloise-de-lunef-hafsa-askar