Le directeur général de l’institut Ipsos, Brice Teinturier, retrace l’évolution des électeurs de gauche attirés par Emmanuel Macron en 2017. De la séduction à la rupture ?
En 2017, l’électorat de gauche a-t-il porté Emmanuel Macron au pouvoir ?
Oui, clairement. Grâce au panel réalisé par Ipsos et le Cevipof, on sait que 47 % des électeurs de François Hollande en 2012 ont voté pour Emmanuel Macron dès le premier tour en 2017 – contre 24 % qui ont choisi Mélenchon et 15 % Hamon. Ce n’est pas le cas pour les anciens électeurs de Nicolas Sarkozy, dont 18 % seulement ont choisi Macron et 60 % Fillon. Macron doit donc bien sa qualification et sa victoire finale à l’apport massif de l’électorat de François Hollande sur sa candidature.
Le macronisme historique est donc de gauche. Mais l’est-il resté ?
Non, il a fortement muté en deux ans. Les européennes de mai 2019 font apparaître un fort reclassement d’une partie des électeurs venus de la gauche. Sur 100 sympathisants PS qui avaient voté Macron en 2017, 22 % seulement ont revoté pour la liste de La République en marche, 17 % pour la liste PS-Place publique et 10 % pour la liste Europe-Ecologie-Les Verts. Une partie est donc fidélisée mais une autre est à la recherche d’une maison rénovée, celle de la gauche de gouvernement mâtinée d’écologie. […]