L’héritage ne se cantonne pas à la sphère économique : on hérite aussi de capitaux culturels, sociaux… ou même génétiques. Et supprimer l’héritage ne créera jamais une société parfaitement égalitaire selon l’économiste Olivier Babeau.
Nos démocraties sont habitées, avait souligné Tocqueville, par la passion de l’égalité. Régulièrement, l’idée d’une taxation plus radicale de l’héritage refait surface, alors même que la France est déjà l’un des pays les plus fiscalisés en la matière. Passons sur le problème philosophique que pose l’idée d’une spoliation totale de biens accumulés par une vie de travail et qui ont déjà fait l’objet de nombreux prélèvements. On peut surtout douter du fait qu’annuler toute transmission du capital économique permettra vraiment cette égalité parfaite dont nous rêvons.
Une étude a montré que 84 % des élites chinoises de 2017 faisaient déjà partie de l’élite avant la révolution. Malgré la remise à zéro intégrale des patrimoines, les familles dominantes du pays étaient les mêmes qu’autrefois. La transmission du capital économique n’est qu’une partie, et peut-être pas la plus importante, de l’héritage. Le capital culturel et social est sans doute d’un poids déterminant dans les trajectoires de vie. […] En réalité, notre époque hait l’héritage parce qu’elle rêve d’individus indifférenciés, artificiellement abstraits de toute racine.[…]