Soixante-sept jeunes originaires de cette ville des Yvelines sont partis en Irak ou en Syrie entre 2014 et 2016. Un sujet que refuse d’aborder l’édile, 82 ans, soutenu par La République en marche et le Parti socialiste, qui brigue un quatrième mandat lors des élections des 15 et 22 mars.
(…) Entre 2014 et 2016, 67 jeunes ont quitté cette ville de 32 500 habitants pour rejoindre l’EI, en Irak puis en Syrie : un record européen, loin devant la commune belge de Molenbeek.
Ce sont presque autant de morts et, pour Guy Malandain, comme une grosse tache sur son bilan. Sa gageure ? Eviter qu’on en parle, pour ne pas abîmer le blason de sa ville, qu’il tente de redorer depuis 2001. Monsieur le maire brigue un quatrième mandat et se moque bien que ses adversaires dissertent sur son âge, « 82 ans aux cerises », pourvu qu’on évite le grand tabou : la radicalisation islamiste. S’il l’évoque, c’est pour Trèbes, pas pour Trappes. Et deux jours après le second tour des municipales.
Né en 1937, Guy Malandain a traversé tout l’échiquier de la vie politique française : ancien de la SFIO, chevènementiste, puis divers gauche sans étiquette… Il est difficile de le rattacher à une famille de pensée, tant il a l’art de naviguer dans ces formations. « En 2026, il finira chez Les Républicains ! », s’amusent certains.
En 2001, sur la promesse d’une mosquée, qui, il est vrai, manquait à Trappes, il avait mis fin au règne des communistes, en place depuis 1945. Pour y parvenir, il avait fait alliance avec les leaders de l’Union des musulmans de Trappes, deux ingénieurs proches des Frères musulmans, puis permis la construction d’une «très grande mosquée», capable d’attirer des fidèles bien au-delà de la ville. Bon nombre de vieux « rouges » ne lui ont toujours pas pardonné cette alliance. « Il a échangé le parti contre cette mosquée », pestait son prédécesseur communiste à la mairie.