Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Saclay, explique les dilemmes moraux que devront affronter les médecins lorsqu’afflueront les patients les plus gravement atteints par le coronavirus.
La pandémie Covid-19 contraint notre société à des choix d’une ampleur et d’une intensité dont on ne peut pas encore mesurer les conséquences. S’il est justifié d’adosser les décisions à l’expertise des scientifiques, les arbitrages cruciaux relèvent de la responsabilité politique. En matière de santé publique, ils constituent un marqueur indélébile de la hiérarchisation de nos valeurs et priorités sociales. L’arbitrage des choix en réanimation dans un contexte de ressources limitées, et au regard de leurs conséquences en termes de vie ou de mort, ne saurait relever de la seule responsabilité des médecins.
Nos aînés en sont désormais informés : ce sont notamment des critères d’âge qui déterminent en Italie le choix inévitable entre ceux que l’on réanime ou ceux que les médecins renoncent à réanimer faute de dispositifs suffisants. L’imminence de circonstances analogues en France accentue le sentiment d’insécurité et les peurs. Il importe d’être assuré de la pertinence des critères de décision