Le gouvernement prépare un texte pour imposer des mesures vues comme une entrave à la démocratie et au consensus national, malgré une situation sanitaire qui se dégrade rapidement. La revue scientifique The Lancet a ainsi qualifié la lenteur de la Suède de «plus en plus déraisonnable».
A Stockholm ce week-end, les habitants continuaient à arpenter les rues, s’installer en terrasse et même y échanger des plaids pour se tenir chaud. Alors qu’un tiers de la population mondiale est confinée, les Suédois sont encouragés à limiter leurs déplacements, mais n’y sont pas obligés. L’épidémiologiste en chef Anders Tegnell, sur les épaules duquel repose cette stratégie, compte sur la responsabilité individuelle et la capacité de chacun à comprendre les nuances de ses recommandations. […]
Pourtant, les signes d’une détérioration rapide de la situation sanitaire se multiplient : à Stockholm, au moins un tiers des maisons de retraite sont infectées. Les capacités d’accueil en soins intensifs dans les hôpitaux de la capitale sont sur le point d’être saturées. Dimanche, le pays comptait 6 830 contaminés et 401 décès, dont 251 dans la capitale. «Nous allons compter les morts par milliers. Autant s’y préparer», a annoncé vendredi le Premier ministre, Stefan Löfven.
Dans ce contexte, le gouvernement minoritaire de centre gauche prépare une «loi d’urgence», qui lui donnerait un pouvoir accru. Mais la Suède a la spécificité de ne pas être pas munie de telle mesure législative en temps de paix, qui permette de concentrer et accélérer la prise de décision en cas de crise. Le système politique très décentralisé est destiné à «empêcher les abus, et limiter le pouvoir de l’Etat», explique Mark Klamberg, professeur de droit international à l’université de Stockholm. […]