Grand silence dans le couloir du troisième étage. Aristide pousse la porte de son logement pour faire visiter les lieux. Cela fait 5 ans qu’il vit là, dans le bâtiment C de la résidence universitaire du Bailly, à Amiens. La chambre fait 9 m². Un lit, un bureau, un coin rangement, et une petite douche. Ce lieu de vie est déjà très exigu en temps habituel, il le semble davantage pendant le confinement.
Selon le directeur général du Crous Amiens-Picardie, “environ 40 % d’étudiants sont restés dans les résidences universitaires”. Soit un peu plus de 900 personnes, réparties sur une vingtaine de résidences. Beaucoup sont des étudiants étrangers.
“Toute la journée, je ne sors pas”, explique Aristide, 31 ans. Étudiant en doctorat de philosophie, il travaille donc sur sa thèse dans sa chambre, et “c’est compliqué. (…) Tout cela m’angoisse. Financièrement, professionnellement… Je me retrouve sans rien”, déplore-t-il
“Chacun reste dans sa chambre, on ne se parle pas”, commente Jane Massem, 17 ans. Arrivée depuis 6 mois du Congo, elle avoue avoir des difficultés pour se concentrer sur son travail, elle qui étudie l’économie et la gestion.
“Certains peuvent péter un câble, et je les comprends”, témoigne Antoine, 23 ans.
Le courrier picard