C’est un exemple en Europe de réussite dans la lutte contre le coronavirus. Alors que le déconfinement en Allemagne est en cours, le pays se prépare déjà à la deuxième vague de l’épidémie. Les hôpitaux se tiennent prêts pour une nouvelle hausse des infections que pourrait justement provoquer le déconfinement. Une crainte réelle soulignée cette semaine par la chancelière Angela Merkel, qui est sortie de ses gonds en dénonçant « l’orgie » de discussions autour du retour à la normale et le manque de discipline de la population.
Il existe un «danger fondamental» que les infections redémarrent «si l’ensemble des mesures restrictives sont supprimées de manière précoce», a affirmé, mardi, Lars Schaade, directeur adjoint du Robert Koch Institut, l’agence chargée du contrôle des maladies. À l’hôpital universitaire d’Aix-la-Chapelle, qui a accueilli les premiers cas graves de Covid-19 en Allemagne, des dizaines de lits encore vides attendent. «On est prêts à réagir de manière dynamique», assure Gernot Marx, directeur du département des soins intensifs. […]
«Le virus va continuer à se répandre en Allemagne au cours des prochaines semaines ou mois et cet été», selon l’expert, qui met en garde contre un nouveau départ simultané de cas de Covid-19 «partout en même temps». «Nous sommes peut-être en train de perdre notre avance» sur le virus, a mis en garde Gerald Gass, président de la société allemande des hôpitaux DKG. Avec 33,9 lits en soins intensifs pour 100 000 habitants, contre 8,6 en Italie et 16,3 en France, l’Allemagne était déjà au départ bien préparée à la pandémie. […]
Rarement au cours de son mandat, les compétences d’arbitrage et de communication d’Angela Merkel auront été aussi déterminantes que dans la gestion de la crise sanitaire en cours. Lundi 20 avril, la chancelière allemande en a de nouveau fait la preuve. Lors d’une conférence de presse, elle s’est exprimée avec une véhémence rare chez elle, exhortant la population à la prudence, alors que les pressions pour une réouverture rapide se font de plus en plus fortes. «Ce serait triste à en pleurer que les succès acquis soient réduits à néant dans quinze jours en voulant aller trop vite», a-t-elle asséné, visiblement inquiète.