« Ils ont couru vers les Africains, ils étaient là pour tuer. » Lorsque Philippe*, l’un des agents de sécurité présent vendredi 24 avril sur le site du Fast Hôtel, emploie le verbe « tuer », ce n’est pas à la légère. L’homme, un ancien militaire, a connu de vraies scènes de guerre, il sait le poids du verbe. « C’était une scène de guerre », raconte-t-il, calme et posé. Le bras en écharpe, le crâne suturé par endroits, il se remémore une scène de quelques minutes, digne d’un film.
(…) Quelques secondes plus tard, la cinquantaine d’énervés se rue sur place. « Ils avaient des bâtons, des battes, des crosses, des barres de fer, ils couraient dans tous les sens. » Philippe a alors le réflexe de composer le 17. « J’ai dit “envoie du renfort, c’est la guerre”. » Les Tchétchènes se ruent sur les Africains, des coups sont échangés. Philippe et son collègue parviennent à cacher l’un de ceux que les assaillants cherchaient plus que les autres.
En repartant, aussi vite qu’ils sont arrivés, l’un des Tchétchènes s’en prend verbalement à l’agent de sécurité. « Il m’a dit que je devais être de leur côté et pas de celui des Africains. » Mais Philippe n’a pas le temps de répondre qu’un coup de barre de fer l’atteint sur le crâne. Puis sur l’épaule. Par chance, il reste debout. Il est sérieusement blessé mais l’adrénaline faisant, il ne ressent pas la douleur.