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11/09/1959

Au dix-huitième siècle les pirates d’Alger, de Tunis, de Tripoli, de Fès et de Tanger conservaient l’habitude ancestrale de s’attaquer en haute mer aux navires marchands et d’aller razzier les populations chrétiennes sur les côtes méditerranéennes. Les “kidnappés”, hommes, femmes et enfants, allaient rejoindre sur le marché aux esclaves, les équipages capturés avec les bateaux.

Au lieu de s’entendre pour aller détruire les nids de guêpes sur la côte africaine les nations européennes préféraient composer. Chacune concluait ses propres arrangements avec les Barbaresques, leur payait tribut et entretenait chez eux des consuls chargés d’atténuer le mal en graissant la patte des tyranneaux locaux.

Durant le règne de Louis XVI un problème nouveau se posa avec l’apparition sur les mers du drapeau étoile. Jusqu’alors la marine marchande américaine battait pavillon britannique et bénéficiait par conséquent de la protection anglaise. Du jour où la révolution triomphante attacha aux mâts de ses navires les couleurs de la jeune République, les Arabes fondirent sur ces bâtiments comme des vautours. Le bagne d’Alger se peupla rapidement de matelots yankees auxquels leurs tortionnaires rasaient la chevelure avant de les mettre au travail forcé en plein soleil avec interdiction de se couvrir la tête.

Après Boston, Providence et Newport, les ports méridionaux de Baltimore, Annapolis et Charleston fournirent bientôt leurs victimes aussi bien que New-York et Philadelphie.

Aussi, dès son premier projet de traité avec une puissance étrangère – la France, – le Congrès américain envisagea-t-il un article par lequel le roi de France s’engagerait à protéger les personnes et les biens américains “contre les attaques, déprédations et violences des pays arabes”.

Le gouvernement français, fort timoré et craignant d’éveiller par cette clause la susceptibilité africaine, l’écarta. Franklin dut se contenter d’une promesse : le cas échéant Sa Majesté Très Chrétienne interviendrait auprès des régences d’Alger, de Tunis et de Tripoli, auprès des empires de Fès et du Maroc, en faveur des Américains molestés…

Illustration : Débarquement et maltraitance de prisonniers à Alger (1706), Jan Goeree & Casper Luyken, Amsterdams Historic Museum

Le Monde (82% restant à lire)

  • Merci à Polydamas

25/05/2020

https://www.youtube.com/watch?v=B-lCFnns7to

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